GUIDE DES PARENTS SUR LES IDÉES SUICIDAIRES CHEZ LES ENFANTS ET LES ADOLESCENTS : SIGNES AVANT-COUREURS, COMMENT EN PARLER ET QUAND OBTENIR DE L'AIDE
Les idées suicidaires (pensées sur la mort ou le suicide) sont plus fréquentes chez les enfants et les adolescents que ne le pensent de nombreux parents. Ces pensées peuvent survenir chez des jeunes souffrant de troubles mentaux tels que la dépression, l'anxiété ou des traumatismes, mais elles peuvent aussi se manifester chez des personnes ayant des problèmes de santé mentale. elles peuvent également apparaître chez les personnes qui ne bénéficient pas d'un diagnostic clair de santé mentale. Pour certains, les idées suicidaires sont fugaces, reflet d'un stress intense ou d'une douleur émotionnelle sur le moment. Pour d'autres, elles peuvent persister et, dans un petit nombre de cas, conduire à des tentatives de suicide, voire au suicide lui-même.
En raison des risques associés aux pensées suicidaires, les parents et les soignants jouent un rôle crucial en reconnaissant les signes d'alerte, en engageant la conversation et en recherchant du soutien. Parler du suicide ne l'encourage pas. En fait, poser directement des questions sur les idées suicidaires peut soulager les enfants et les aider à se sentir moins seuls.
Reconnaître les signes d'idées suicidaires
Les idées suicidaires ne se présentent pas toujours de la même manière. Certains enfants et adolescents peuvent parler ouvertement de leur désir de mourir, tandis que d'autres peuvent l'exprimer indirectement-en disant des choses comme “J'aimerais pouvoir disparaître” ou “Tout le monde serait mieux sans moi.” Les autres signes d'alerte peuvent être les suivants
- Se replier sur soi, devenir distant ou se déconnecter de ses amis et de sa famille.
- Exprimer des sentiments de désespoir, d'inutilité ou de culpabilité
- Donner ses affaires ou faire ses adieux de manière inhabituelle
- Irritabilité accrue, crises de larmes ou sautes d'humeur soudaines
- Les comportements à risque, tels que la conduite imprudente ou la consommation de substances psychoactives
- Un calme soudain après une période de détresse (parfois le signe d'une décision suicidaire)
Il est toujours important de remarquer lorsque votre enfant semble différent de leur personnalité habituelle. Même de petits changements - dormir beaucoup plus ou moins, se désintéresser d'activités ou avoir des difficultés de concentration - peuvent être le signe d'une détresse émotionnelle.
Entamer la conversation
Les parents craignent souvent que le fait de poser des questions sur le suicide puisse “mettre l'idée dans la tête de leur enfant”. Les recherches montrent invariablement que ce n'est pas le cas. En réalité, les enfants qui ne peuvent pas partager leurs pensées sur la mort peuvent se sentir plus isolés, ce qui peut aggraver les idées suicidaires. En posant la question directement et avec compassion, vous ouvrez une porte à votre enfant pour qu'il parle de sa douleur.
Vous pouvez essayer de dire quelque chose comme
“J'ai remarqué que tu te sentais [triste, anxieux, distant, larmoyant] ces derniers temps. Parfois, lorsque nous sommes vraiment en difficulté, il nous arrive de penser à la mort ou de nous faire du mal. As-tu déjà eu ce genre de pensées ?”
Si votre enfant répond par l'affirmative, la chose la plus importante à ce moment-là est de rester calme et connecté. Embrassez-les s'ils le souhaitent, dites-leur que vous êtes heureux qu'ils vous aient fait part de cette situation et rassurez-les en leur disant que vous voulez les aider à se sentir mieux.
Que faire si votre enfant révèle des pensées suicidaires ?
Si votre enfant admet avoir des pensées suicidaires, cela ne signifie pas automatiquement qu'il est en danger immédiat, mais qu'il a besoin de soutien. Faites-lui savoir que vous prenez ses sentiments au sérieux. Évitez de rejeter leurs idées avec des commentaires tels que “Ne sois pas bête, tu as tant de raisons de vivre” ou “Tu cherches juste à attirer l'attention.” Au lieu de cela, validez leur douleur et insistez sur le fait que vous les aiderez à trouver des moyens de faire face à la situation.
L'étape suivante consiste à rechercher une aide professionnelle pour vous et votre enfant. Il peut s'agir du médecin de votre enfant, d'un psychologue ou d'un service d'aide d'urgence. Si votre enfant est en danger immédiat de se faire du mal (par exemple, s'il dit des choses comme : “Ce soir, quand tu dormiras, j'avalerai tout ce que tu as avalé : ”Ce soir, quand tu dormiras, j'avalerai tous les médicaments que je trouverai dans la maison"), rendez-vous au service des urgences le plus proche.
Soutenir votre enfant au fil du temps
Au-delà de la sécurité immédiate, les enfants et les adolescents ont besoin d'un soutien continu pour gérer les idées suicidaires et la détresse sous-jacente qui les alimente. Les étapes utiles sont les suivantes :
- Créer un environnement sûr. Retirer ou mettre en sécurité les objets potentiellement dangereux tels que les médicaments, les objets tranchants et les armes à feu.
- Encourager une communication ouverte. Vérifier régulièrement, même si votre enfant semble aller mieux. Faites-leur savoir que vous êtes disponible pour les écouter sans les juger.
- Maintenir les routines. La prévisibilité peut apporter un sentiment de stabilité en période de turbulences émotionnelles.
- Se mettre en relation avec des professionnels. La thérapie - en particulier les approches telles que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ou la thérapie comportementale dialectique (TCD) - peut donner aux enfants des outils pour gérer les pensées et les émotions accablantes.
- Impliquer des adultes de soutien. Les enseignants, les entraîneurs, la famille élargie ou les amis de confiance peuvent faire partie du filet de sécurité de votre enfant.
Ressources
Si vous ou votre enfant êtes en danger immédiat, appelez le 911 ou se rendre au service d'urgence le plus proche.
Pour un soutien urgent, voici quelques ressources disponibles en Ontario et au Québec :
- Canada Suicide Crisis Helpline (24/7) : Composez le 988 - Disponible dans tout le pays pour toute personne pensant au suicide ou s'inquiétant pour quelqu'un d'autre.
- Jeunesse, J'écoute (24/7) : 1-800-668-6868 ou envoyer CONNECT par SMS au 686868 - Soutien gratuit et confidentiel pour les enfants et les adolescents au Canada.
- Suicide.ca (Québec) : 1-833-456-4566 ou texto 45645 - Soutien en cas de crise et ressources spécifiques pour les personnes au Québec.
- Info-Social 811 (Québec) : Composez le 811 - Parlez à un professionnel de la santé de vos problèmes de santé mentale à tout moment.
- Hôpitaux locaux et CLSC - Nombre d'entre eux proposent des services de crise et une aide à la santé mentale sans rendez-vous.
Questions fréquemment posées
1. Est-ce que le fait de poser des questions à mon enfant sur le suicide va l'inciter à y penser ?
Non. Les recherches montrent systématiquement que le fait de poser des questions sur les pensées suicidaires n'augmente pas le risque. En fait, cela réduit souvent le sentiment d'isolement et peut ouvrir la voie à des conversations importantes.
2. Que dois-je faire si mon enfant avoue avoir pensé au suicide ?
Restez calme, remerciez-les d'avoir parlé et faites-leur savoir que vous prenez leurs sentiments au sérieux. Réconfortez-le, évitez de le juger et demandez une aide professionnelle. Si votre enfant est en danger immédiat, appelez les services d'urgence ou rendez-vous au service des urgences le plus proche.
3. Mon enfant dit parfois des choses comme “J'aimerais bien ne pas être là”, mais il s'en moque ensuite. Dois-je m'inquiéter ?
Les commentaires de ce type doivent toujours être pris au sérieux, car ils reflètent souvent une réelle détresse. Profitez de ces moments pour prendre des nouvelles gentiment et directement. En posant la question, vous montrez que vous êtes attentif et que vous vous souciez des autres.
4. Quel est le lien entre l'automutilation et les pensées suicidaires ?
L'automutilation (comme se couper ou se brûler) n'est pas toujours une tentative de suicide, mais elle est le signe d'une profonde douleur émotionnelle et doit toujours être prise au sérieux. De nombreux jeunes utilisent l'automutilation pour faire face à des sentiments intenses ou retrouver un sentiment de contrôle. Cependant, ceux qui s'automutilent courent également un risque plus élevé de développer des pensées ou des comportements suicidaires au fil du temps. Si vous remarquez des signes d'automutilation, abordez votre enfant avec compassion et demandez l'aide d'un professionnel. En s'attaquant rapidement à la détresse sous-jacente, on peut prévenir les dommages futurs et favoriser la guérison.
En résumé
Apprendre que votre enfant a des pensées suicidaires peut être effrayant et accablant. Mais n'oubliez pas : les idées suicidaires ne sont pas un signe de faiblesse chez vous ou chez votre enfant - c'est un signal de douleur et de détresse qui mérite qu'on s'y intéresse. En remarquant les changements, en posant des questions directes et en réagissant avec compassion, vous pouvez apporter à votre enfant la sécurité et le soutien dont il a besoin.
Avant tout, votre enfant doit savoir que sa vie compte, que sa douleur est prise au sérieux et qu'il peut obtenir de l'aide. De petites conversations bienveillantes peuvent faire la différence et sauver des vies.
Dre Stéphanie L. Léon
Dre Leon est psychologue et neuropsychologue clinicienne qui pratique en Ontario et au Québec. Elle travaille avec les enfants, adolescents et adultes pour aborder les difficultés émotionnelles, comportementales et cognitives. Dre Léon offre des services virtuels à travers la Clinique de psychologie Leon.